Ce vocabulaire a été spécialement compilé à partir des contenus issus de nos deux versions de la bible École internationale d’été et École internationale d’hiver « Musées en Transition ».
Il a pour vocation de clarifier les termes clés, les concepts émergents et les notions spécifiques qui sont au cœur des réflexions sur l’évolution et les transformations actuelles du monde muséal.
Pour chaque terme, la bibliographie ayant servi à l’élaboration de sa définition est indiquée à la fin de celle-ci.
Thématiques
Muséologie des Relations et du Pluralisme
La Muséologie des Relations et du Pluralisme, proposée par Aude Porcedda, est une approche théorique qui invite à étudier le musée en le considérant comme une organisation à part entière (Porcedda, 2021). Cette perspective cherche à dépasser l’opposition traditionnelle que l’on observe souvent entre les valeurs qui sont réellement mises en pratique (valeurs en usage) au sein du musée et les valeurs qui sont officiellement affichées (valeurs affichées) par l’institution (Porcedda, 2021). En se situant au croisement de la sociologie et de l’anthropologie, cette hypothèse considère le musée comme un lieu où interagissent divers acteurs (conservateurs, scientifiques, éducateurs, gestionnaires, publics, etc.) avec leurs propres valeurs, pratiques et relations (Porcedda, 2021). Il y a donc une reconnaissance du pluralisme des perspectives et des logiques à l’œuvre au sein de l’organisation muséale (Porcedda, 2021). Au lieu de se concentrer uniquement sur les collections ou les missions traditionnelles du musée, la Muséologie des
Naturalisme occidental
Le naturalisme occidental désigne une conception du monde dominante en Occident qui établit une séparation ontologique fondamentale entre les êtres humains et la nature (ou les non-humains) (Brunois, 2004). Points essentiels pour comprendre concept : Séparation nature/culture : Au cœur du naturalisme occidental se trouve une distinction marquée et hiérarchisée entre la « nature » et la « culture ». La nature est souvent perçue comme un domaine extérieur, étranger à l’humain, existant objectivement « en soi » (Gosselin, 2018 ; Celka et al., 2020). Les humains, porteurs de culture, sont considérés comme fondamentalement différents et souvent supérieurs à cette nature (Brunois, 2004). Objectivation des non-humains : Dans cette perspective, les entités non humaines (animaux, plantes, éléments naturels) sont généralement traitées comme des objets, des ressources, ou des « choses sans maîtres » (Brunois, 2004). Elles sont vues comme dépourvues d’intériorité, d’esprit, ou de subjectivité comparable à celle des humains. Cette objectivation autorise leur étude scientifique distanciée et
Patrimoine immatériel
Le patrimoine immatériel est un concept qui désigne les pratiques, les représentations, les expressions, les connaissances et les savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, dans certains cas, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur héritage culturel (Provencher St-Pierre, 2022). Contrairement au patrimoine matériel, qui se compose d’objets physiques, le patrimoine immatériel est non tangible et se manifeste à travers des traditions vivantes. Selon l’article « Le refus, une stratégie de développement des collections muséales » de Provencher St-Pierre (2022), les musées de société montrent une sensibilité particulière envers le patrimoine immatériel. Traditionnellement, les collections d’objets matériels occupent une place secondaire dans leur démarche. L’Écomusée du fier monde au Québec illustre bien cette approche en ayant développé la notion de collection écomuséale (Provencher St-Pierre, 2022). Cette approche considère la collection comme un moyen de préserver un
Permaculture institutionnelle
La permaculture institutionnelle est une approche qui s’inspire du fonctionnement résilient de la nature pour repenser les modes de programmation et de production au sein des institutions culturelles, en particulier dans le contexte d’un site de création contemporaine (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022). Elle est présentée comme un outil de conception et de réflexion, une éthique plutôt qu’une technique, visant à rendre les institutions plus vertueuses, durables et respectueuses de la biodiversité et de l’humain (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022). Selon Guillaume Désanges, auteur du « Petit traité », la permaculture institutionnelle est nécessaire pour que la transition écologique des institutions ne reste pas uniquement partielle ou cosmétique (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022). Elle s’inspire de la pensée artiste et de la plasticité des imaginaires. L’objectif est de faire en sorte que l’institution travaille et pense écologiquement, plutôt que de simplement prendre l’écologie comme sujet (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE
Permaculture muséologique
Permaculture muséologique est un concept qui propose de viser une approche inspirée de la permaculture pour les institutions muséales dans le contexte des préoccupations écologiques (Chaumier, 2023). Il s’agit d’une application des principes de la permaculture au fonctionnement et à la pensée des musées, dans le but de les rendre plus durables et en phase avec les enjeux environnementaux (Chaumier, 2023). Le « Petit traité de permaculture institutionnelle (2022) » décrit la permaculture institutionnelle comme une approche qui s’inspire du fonctionnement résilient de la nature pour repenser les modes de programmation et de production au sein des institutions culturelles. Elle est présentée comme un outil de conception et de réflexion, une éthique plutôt qu’une technique, visant à rendre les institutions plus vertueuses, durables et respectueuses de la biodiversité et de l’humain. Cette approche globale infuse son esprit à l’ensemble de l’institution : gouvernance, communication, bâtiment, programmation, management, mécénat, etc (PETIT TRAITÉ DE
Pluralité des forêts
Le concept de Pluralité des forêts, tel qu’introduit par Florence Brunois dans son article « La forêt peut-elle être plurielle ? Définitions de la forêt des Kasua de Nouvelle-Guinée », met en lumière les multiples définitions et valeurs que différents acteurs exogènes attribuent à la forêt des Kasua en Nouvelle-Guinée. Brunois (2004) observe que la forêt tropicale des Kasua est aujourd’hui multi-investie, représentant simultanément, pour différents groupes, un espace satanique, un objet de droit cessible et monnayable, un objet naturel de recherche scientifique, et un sanctuaire naturaliste. Chacune de ces définitions de la forêt découle de la cosmologie propre à chacun de ces acteurs exogènes et de l’ontologie qu’elle supporte (Brunois, 2004). Cela signifie que la manière dont un missionnaire chrétien, une compagnie d’exploitation forestière, un scientifique ou une organisation de conservation perçoit et définit la forêt des Kasua est profondément enracinée dans leurs propres systèmes de croyances et leur compréhension fondamentale
Post-musée
Le concept de « post-musée » est une notion avancée par Françoise Vergès dans son essai Programme du désordre absolu. Décoloniser le musée (Pauron, 2023). Il s’agit d’une proposition pour aller au-delà du modèle occidental de musée, un modèle que Vergès critique sévèrement comme étant une « arme idéologique » et un « dépôt de voleurs » (Pauron, 2023). Selon Vergès, le « post-musée » ne se limite pas à ce qui est exposé sur les murs (Pauron, 2023). C’est une remise en question profonde de l’institution muséale dans son ensemble, touchant à plusieurs aspects : La formation du personnel : Le « post-musée » interroge la signification du terme « historien de l’art » et le contenu de la formation dispensée. L’égalité salariale : Il prend en compte les questions d’égalité de salaire au sein de l’institution. Un lieu collectif : Le « post-musée » envisage le musée comme un espace collectif où l’opinion de tous les employés, y compris les technicien·nes, est
Rationalisation des collections
La rationalisation des collections est un processus qui vise à rendre la gestion des collections muséales plus efficace, cohérente et durable face à divers défis (Provencher St-Pierre, 2022 ; Six, 2024 ; Morgan & Macdonald, 2021). Elle se manifeste par un ensemble de pratiques et de réflexions qui transforment la manière dont les musées envisagent le développement et la gestion de leurs fonds. La rationalisation des collections est devenue une nécessité pour plusieurs raisons : Saturation des réserves et contraintes spatiales : Le manque d’espace de stockage pousse les musées à évaluer la pertinence de conserver tous les objets acquis (Provencher St-Pierre, 2022 ; Six, 2024) . La rationalisation implique donc de considérer l’aliénation (ou désaccession) comme un moyen de libérer de l’espace (Provencher St-Pierre, 2022). Défis économiques et coûts de conservation : La gestion de collections volumineuses engendre des coûts importants en termes de conservation, de documentation et d’entretien
Transition écologique de la culture
La Transition écologique de la culture selon le Guide d’orientation et d’inspiration (2024) est un processus fondamental qui vise à engager activement le secteur culturel dans la réduction de son impact environnemental. À l’instar des autres secteurs d’activité, la culture doit prendre sa part dans le vaste chantier de la transition écologique. Cette nécessité découle de l’engagement de la France à respecter les Accords de Paris de 2015, notamment l’objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030 par rapport à 1990, et d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Le secteur culturel, qui représente 2 % des émissions de gaz à effet de serre de la France (sans compter les mobilités et la consommation audiovisuelle), doit contribuer à ces objectifs. Il est reconnu que les données disponibles pour mesurer l’empreinte carbone de l’ensemble du secteur culturel sont encore parcellaires, soulignant la nécessité de mutualiser
Transition socio-écologique
La transition socioécologique est un concept qui vise à définir le passage de l’état actuel de nos systèmes vers un état qui soit socialement plus juste, inclusif et écologiquement viable (Bourque et al., 2024). Cette transformation est rendue possible grâce à un changement profond dans nos pratiques démocratiques, nos modes de production et de consommation, notre manière de vivre ensemble et nos représentations (nos récits) (Bourque et al., 2024). Elle s’appuie sur l’établissement de rapports sociaux porteurs de justice sociale et d’inclusion (Bourque et al., 2024). La transition socioécologique est considérée par plusieurs comme l’enjeu majeur pour l’avenir de nos sociétés et du monde (Bourque et al., 2024). Elle implique des transformations majeures de nos modes de consommation et de production, de notre manière de vivre ensemble, ainsi que de la gouvernance démocratique des territoires et de la société Bourque et al., 2024). Il est important de noter que la