Rationalisation des collections

La rationalisation des collections est un processus qui vise à rendre la gestion des collections muséales plus efficace, cohérente et durable face à divers défis (Provencher St-Pierre, 2022 ; Six, 2024 ; Morgan & Macdonald, 2021). Elle se manifeste par un ensemble de pratiques et de réflexions qui transforment la manière dont les musées envisagent le développement et la gestion de leurs fonds.

La rationalisation des collections est devenue une nécessité pour plusieurs raisons :

• Saturation des réserves et contraintes spatiales : Le manque d’espace de stockage pousse les musées à évaluer la pertinence de conserver tous les objets acquis (Provencher St-Pierre, 2022 ; Six, 2024) . La rationalisation implique donc de considérer l’aliénation (ou désaccession) comme un moyen de libérer de l’espace (Provencher St-Pierre, 2022).
• Défis économiques et coûts de conservation : La gestion de collections volumineuses engendre des coûts importants en termes de conservation, de documentation et d’entretien (Provencher St-Pierre, 2022 ; Six, 2024) . La rationalisation cherche à optimiser les ressources en se concentrant sur les objets les plus pertinents et en réduisant le fardeau des collections moins essentielles (Morgan & Macdonald, 2021).
• Nécessité d’une meilleure cohérence des collections : Les musées souhaitent constituer des ensembles d’objets plus significatifs et en adéquation avec leur mission et leurs objectifs (Provencher St-Pierre, 2022 ; Morgan & Macdonald, 2021). La rationalisation conduit à une sélection plus rigoureuse des nouvelles acquisitions (Provencher St-Pierre, 2022) et à un examen critique des collections existantes afin d’éliminer les doublons, les objets en mauvais état ou ceux qui ne correspondent plus à la politique de l’institution (Provencher St-Pierre, 2022 ; Six, 2024).
• Volonté de rendre les collections plus accessibles et utilisables : Une collection rationalisée, avec une meilleure documentation, est plus facile à étudier, à exposer et à valoriser (Morgan & Macdonald, 2021). La rationalisation vise à « libérer le potentiel » des collections (Morgan & Macdonald, 2021).
• Transition vers une gestion plus durable : Dans un contexte de préoccupations environnementales, la rationalisation des collections s’inscrit dans une démarche de gestion responsable qui prend en compte l’empreinte carbone des acquisitions, les coûts énergétiques de la conservation et la limitation des déchets (Six, 2024).

Les stratégies mises en œuvre dans le cadre de la rationalisation des collections incluent :

• Resserrement des acquisitions : Adoption de politiques d’acquisition plus strictes, voire instauration de moratoires temporaires (Provencher St-Pierre, 2022).
• Aliénation (ou désaccession) : Retrait formel d’objets des collections, selon des procédures établies (Provencher St-Pierre, 2022 ; Morgan & Macdonald, 2021).
• Révision des critères d’acquisition : Priorisation de la représentativité, de l’exemplarité, de l’utilité et de la pertinence à long terme des objets (Six, 2024).
• Amélioration de la documentation : Inventaire, récolement et numérisation des collections pour une meilleure connaissance du contenu (Six, 2024 ; Morgan & Macdonald, 2021).
• Tri et réorganisation des réserves : Optimisation de l’espace de stockage et amélioration des conditions de conservation (Provencher St-Pierre, 2022).
• Collaboration et redistribution : Transferts d’objets vers d’autres institutions où ils seraient plus pertinents ou mieux valorisés (Six, 2024 ; Morgan & Macdonald, 2021).

La rationalisation des collections est donc une réponse pragmatique aux défis contemporains des musées de société et des autres types de musées, visant à assurer la pérennité, la pertinence et l’accessibilité de leurs collections (Provencher St-Pierre, 2022). Elle s’inscrit dans une réflexion plus large sur le rôle des musées en tant que dépositaires de la mémoire et sur la nécessité d’une gestion plus responsable de leur patrimoine (Morgan & Macdonald, 2021).