La permaculture institutionnelle est une approche qui s’inspire du fonctionnement résilient de la nature pour repenser les modes de programmation et de production au sein des institutions culturelles, en particulier dans le contexte d’un site de création contemporaine (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022). Elle est présentée comme un outil de conception et de réflexion, une éthique plutôt qu’une technique, visant à rendre les institutions plus vertueuses, durables et respectueuses de la biodiversité et de l’humain (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022).
Selon Guillaume Désanges, auteur du « Petit traité », la permaculture institutionnelle est nécessaire pour que la transition écologique des institutions ne reste pas uniquement partielle ou cosmétique (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022). Elle s’inspire de la pensée artiste et de la plasticité des imaginaires. L’objectif est de faire en sorte que l’institution travaille et pense écologiquement, plutôt que de simplement prendre l’écologie comme sujet (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022).
L’esprit de la permaculture institutionnelle repose sur plusieurs nécessités et approches (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022) :
- Une approche globale : Elle ne se limite pas à des actions ponctuelles comme le recyclage, mais infuse son esprit à l’ensemble de l’institution : gouvernance, communication, bâtiment, programmation, management, mécénat, etc. Cette approche systémique vise des effets puissants, bien qu’invisibles et inestimables.
- Production conscientisée : Si la production reste essentielle, elle doit être questionnée, pondérée et réfléchie avec les artistes, en envisageant la remise en circulation de formes, pratiques et idées existantes. Il ne s’agit pas de faire moins, mais de faire mieux.
- Brainprint & Footprint : La permaculture institutionnelle est ambitieuse et ne vise pas seulement à limiter les impacts négatifs (footprint) mais aussi à amplifier les impacts positifs (brainprint), en modifiant les affects et les imaginaires pour changer d’horizon.
- Nécessités : Elle renoue avec les fonctions multiples de l’art (sensibles, poétiques, symboliques, pédagogiques, thérapeutiques et sociales), en posant les questions fondamentales du « Pourquoi montrer ? » et « Pour qui ? » en plus du « Que montrer ? » et « Comment montrer ? ».
Quatre piliers fondamentaux soutiennent la permaculture institutionnelle (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022) :
- (Bio)diversité des formes : Elle revendique une programmation élargie incluant d’autres esthétiques et disciplines, y compris ce qui est souvent négligé ou marginalisé. Cette biodiversité répond au devoir de proposer de nouveaux récits au monde.
- Écosystème : Elle privilégie la collaboration entre institutions plutôt que la compétition ou l’indifférence, encourageant à penser et programmer en écosystème.
- Zonage : Elle propose de reconsidérer l’espace et le temps de manière ingénieuse et optimisée, en s’inspirant de l’agriculture raisonnée pour diversifier les usages des espaces et les rendre plus accueillants pour les artistes, les chercheurs et le public.
- Circuit court : Plutôt qu’une course aux mêmes artistes internationaux, elle invite à une attention particulière à la création et culture locale, dans un tissage vertueux avec la création mondiale, en tenant compte du contexte et de l’écho des œuvres avec le territoire.
L’application de la permaculture institutionnelle au Palais de Tokyo offre des exemples concrets (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022) :
- Le Grand désenvoûtement : Un projet inspiré de la psychothérapie institutionnelle pour explorer les mécanismes inconscients qui déterminent les manières de faire de l’institution.
- Compost intellectuel : Un outil pour mettre en commun et laisser fermenter les recherches et idées mobilisées lors de la création artistique et de l’organisation d’expositions, afin de créer son propre carburant pour de futurs projets.
- Lignes de programmation : Une organisation de la programmation en lignes de travail qui se déploient dans le temps, favorisant l’enracinement et l’auto-fertilité des idées, et permettant d’inviter des artistes sur le long terme.
- Collectif de travail: Une reconnaissance de la nature collective de toute œuvre d’art, inspirée des « Mondes de l’art » d’Howard Becker, visant à renforcer la vocation sociale de l’institution.
- Propriétés naturelles des lieux : Travailler avec la nature plutôt que contre elle face au dérèglement climatique, en privilégiant les circulations d’air, la végétalisation et l’adaptation des scénographies.
- Économie circulaire & « Do it yourself » : Privilégier une économie circulaire dans toutes les activités, en réutilisant au maximum les restes matériels et en développant des compétences internes de fabrication et de restauration.
- Communication : la simplicité comme force: Miser sur l’humilité et l’efficacité dans la communication pour toucher le plus grand nombre, en préférant la précision à la profusion.
- Un mécénat durable : Orienter le mécénat vers un programme intitulé « Palais durable », impliquant les entreprises financièrement et en nature autour des enjeux écologiques et sociaux de l’institution.
La permaculture institutionnelle est une philosophie et une méthodologie globale qui vise à transformer en profondeur le fonctionnement des institutions culturelles en s’inspirant des principes de la nature pour les rendre plus durables, résilientes et engagées sur les plans écologique et social (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022). Elle invite à une remise en question des pratiques existantes et à une collaboration accrue au sein des institutions et avec leur environnement (PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE, 2022).
Bibliografia
PETIT TRAITÉ DE PERMACULTURE INSTITUTIONNELLE. (2022). Palais de Tokyo. https://admin.palaisdetokyo.com/wp-content/uploads/2022/11/Petit-traite-de-permaculture-institutionnelle.pdf