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Musée de société

Le Musée de société est un type d’institution muséale qui se caractérise fondamentalement par un rapport particulier à l’objet, où les collections occupent une place moins centrale que dans les musées plus traditionnels (Provencher St-Pierre, 2022). Malgré cette caractéristique constitutive de leur identité, ces musées « collectionnent néanmoins » (Provencher St-Pierre, 2022), et même les institutions initialement réticentes à l’idée de collection ont « rarement pu y échapper » (Provencher St-Pierre, 2022).

Ces musées sont décrits comme étant ouverts au contemporain, sensibles au patrimoine immatériel et orientés par un idéal de musée participatif (Provencher St-Pierre, 2022). Ils sont confrontés quotidiennement aux défis inhérents à la gestion des collections et cherchent un équilibre entre l’idéal et le possible dans leur développement (Provencher St-Pierre, 2022). Au Québec, où ils sont des « acteurs incontournables du paysage muséal » (Provencher St-Pierre, 2022), ils développent majoritairement leurs collections par les « dons » (Provencher St-Pierre, 2022), souvent par manque de budget d’acquisition. Ils peuvent mettre en place des « collectes participatives » (Provencher St-Pierre, 2022) et explorer des « approches inédites » comme la « collection écomuséale » basée sur la « désignation » (Écomusée du fier monde, cité par Provencher St-Pierre, 2022).

Face à la surabondance potentielle d’objets et aux multiples défis de gestion (économiques, spatiaux, de conservation), le « refus comme stratégie de développement des collections » (Provencher St-Pierre, 2022) devient une pratique essentielle, qu’il s’agisse du « refus d’acquérir et le refus de conserver » (Provencher St-Pierre, 2022). Loin d’être un signe de détachement, cela témoigne d’un « engagement envers la poursuite de leur développement, mais d’une manière plus sélective et réfléchie » (Provencher St-Pierre, 2022). Historiquement, après des phases d’enrichissement importantes (1970-1980) (Six, 2024), les politiques d’acquisition ont été progressivement rationalisées (Six, 2024). Des exemples québécois incluent le Musée de la civilisation de Québec et l’Écomusée du fier monde (Provencher St-Pierre, 2022).

Les Musées de société sont étroitement liés à la nouvelle muséologie et sont souvent mentionnés conjointement avec les écomusées (Chaumier, 2024), dont ils sont considérés comme des « héritiers » (S. Chaumier, [s.d.]). Ensemble, ils mettent en œuvre des approches muséales novatrices et s’inscrivent dans une « relecture critique des fonctions traditionnelles » pour avoir une « mission sociale plus engagée » (Chaumier, 2024).

Parmi les points clés qui les caractérisent, souvent en commun avec les écomusées, on retrouve :

  • Un « ancrage territorial et communautaire » fort (Borrelli & Dal Santo, 2023), se concentrant sur une région et le bien-être de ses habitants.
  • Une « participation communautaire » marquée (Borrelli & Dal Santo, 2023), impliquant directement la communauté dans les processus muséaux.
  • Un « rôle social et culturel » actif (Borrelli & Dal Santo, 2023), cherchant à servir la société et à contribuer au développement (culturel, social, économique) des territoires (Borrelli & Dal Santo, 2023).
  • Une « valorisation du patrimoine au sens large » (Borrelli & Dal Santo, 2023), incluant le patrimoine immatériel, les connaissances locales et les récits des communautés (S. Chaumier, [s.d.]), au-delà de la seule collection d’objets.
  • Une importance accordée à la « mise en récit » (storytelling) et à la « construction de nouveaux récits » (Chaumier, 2024) critiques face aux enjeux contemporains, réinterprétant les collections et favorisant le respect des savoirs locaux (Borrelli & Dal Santo, 2023).
  • Un engagement croissant dans le « Développement durable » et les ODD (Borrelli & Dal Santo, 2023), contribuant à la conscience écologique et aux économies locales (Borrelli & Dal Santo, 2023).

En définitive, les Musées de société se distinguent par leur ancrage local et communautaire, leur engagement social, leur focalisation sur la narrative et les patrimoines immatériels, et leur volonté d’être des acteurs pertinents face aux défis contemporains (Chaumier, 2024). Ils cherchent à « dépasser la vision traditionnelle du musée centré sur la collection pour devenir des lieux de participation, de dialogue et de construction de sens pour leurs communautés » (Borrelli & Dal Santo, 2023).

Bibliographie :

Borrelli, N., & Dal Santo, R. (Orgs.). (2023). Ecomuseums and climate change. Ledizioni.

Chaumier, S. ([s.d.]). Viser l’émancipation malgré tout [Communication personnelle].

Chaumier, S. (2024, décembre). Construire de nouveaux récits et proposer de nouvelles missions sociales pour les écomusées et musées de société. Nouveaux récits des écomusées et musées de sociétéRÉFLEXIONS ISSUES DES RENCONTRES PROFESSIONNELLES DE LA FEMS 2024, 10–19.

Provencher St-Pierre, L. (2022). Le refus, une stratégie de développement des collections muséales. Culture & Musées. Muséologie et recherches sur la culture, 39, 191–211. https://doi.org/10.4000/culturemusees.8070