Le musée « universel » est un concept qui a permis à l’Occident de mettre en scène un grand récit du monde, dont l’Europe constituait le moteur (Faucourt, 2024). Selon Françoise Vergès dans l’entretien à Pauron (2023), ce modèle de musée est avant tout une invention européenne imposée au reste du monde.
Points clés sur le musée « universel » :
- Vision eurocentrée de l’histoire : Le musée « universel » a imposé des imaginaires imprégnés d’une vision eurocentrée de l’histoire mondiale (Faucourt, 2024). Il a ordonné et hiérarchisé les espaces, les chronologies, les acteurs et les événements selon des catégories de pensée européennes (Faucourt, 2024). L’exposition « Une autre histoire du monde » au Mucem a été initiée pour élargir cette perspective en restituant la diversité des points de vue non européens (Faucourt, 2024).
- Collection d’objets divers : Le musée « universel » est décrit comme un endroit où l’on trouve dans le même espace des tableaux, des objets, des meubles et des statues provenant de plusieurs continents et époques (Pauron, 2023). Françoise Vergès questionne cette étrange juxtaposition (Pauron, 2023).
- Lieu d’inégalités et de récits partiaux : Ce modèle de musée est perçu comme un lieu où se croisent les inégalités sociales et une vision de l’histoire partielle et partiale, entre euphémisation et non-dits (Pauron, 2023).
- Critique comme « arme idéologique » et « dépôt de voleurs » : Françoise Vergès qualifie le musée « universel » d' »arme idéologique » et considère les musées européens comme des « dépôts de voleurs », voire de vastes tombes pour les restes humains non sépulturés (Pauron, 2023). Elle remet en question la légitimité des Européens à être les gardiens universels de ces trésors (Pauron, 2023).
- Justification de la possession universelle : L’idée que l’on peut trouver le monde entier au même endroit est très forte et ancrée en Europe (Pauron, 2023). Ce souci d’exhaustivité anime l’idée qu’il faut tout posséder pour pouvoir donner une image de l’humanité (Pauron, 2023), un principe que Françoise Vergès juge tragique pour les peuples (Pauron, 2023).
- Déclin et remise en question : Le modèle du « musée universel » est désormais mis en débat (Faucourt, 2024). L’objectif de l’exposition au Mucem est d’inciter le public à dépasser cette perspective eurocentrée (Faucourt, 2024).
En somme, le musée « universel » est un modèle muséal historiquement dominant, caractérisé par sa prétention à représenter l’histoire et la culture du monde entier à travers une perspective occidentale, ce qui a conduit à des critiques concernant son eurocentrisme, l’origine des collections et sa fonction idéologique (Faucourt, 2024), (Pauron, 2023). Les initiatives de décolonisation des musées cherchent à remettre en question ce modèle et à promouvoir des approches plus plurielles et équitables (Faucourt, 2024), (Franco, 2019).
Bibliographie :
Faucourt, C. (2024, décembre). Exposer Une autre histoire du monde au Mucem. Nouveaux récits des écomusées et musées de société, RÉFLEXIONS ISSUES DES RENCONTRES PROFESSIONNELLES DE LA FEMS 2024, 64–66.
Franco, M.-C. (2019). Faire de la recherche en muséologie: Étudier l’histoire des expositions pour comprendre le positionnement du Musée McCord envers les Premiers Peuples. Histoire Québec, 25(3), 35–37. https://www.erudit.org/fr/revues/hq/2019-v25-n3-hq05102/92710ac/
Pauron, M. (2023, avril 3). Françoise Vergès. « Le musée occidental a été tragique pour les peuples »—Entretien. Afrique XXI. https://afriquexxi.info/Francoise-Verges-Le-musee-occidental-a-ete-tragique-pour-les-peuples