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Décroissance

Le concept de Décroissance est un projet alternatif et complexe qui n’est ni la croissance zéro ni la croissance négative, mais plutôt une matrice d’alternatives (Daoust, 2015). Son objectif principal est de nous faire sortir du cercle vicieux de la création illimitée de besoins et de produits, ainsi que de la frustration croissante que cela engendre (Daoust, 2015).

Lancé initialement comme un slogan politique provocateur pour rompre avec le discours dominant du développement durable, la Décroissance vise surtout à nous faire retrouver le sens des limites (Daoust, 2015). Il est crucial de comprendre que la décroissance n’est ni la récession ni la croissance négative (Daoust, 2015).

Ce concept est rapidement devenu la bannière de ralliement pour ceux qui aspirent à la construction d’une véritable alternative à la société de consommation, jugée écologiquement insoutenable et socialement insupportable (Daoust, 2015). La Décroissance constitue désormais une fiction performative pour signifier la nécessité d’une rupture avec la logique productiviste (Daoust, 2015).

Il est important de ne pas prendre le terme Décroissance au pied de la lettre : décroître pour décroître serait aussi absurde que croître pour croître (Daoust, 2015). En réalité, les partisans de la décroissance souhaitent faire croître la qualité de vie, de l’air, de l’eau, et une multitude d’autres aspects que la croissance pour la croissance a détruits (Daoust, 2015). Pour être plus rigoureux, certains suggèrent d’utiliser le terme « a-croissance », à l’image d' »a-théisme », car il s’agit fondamentalement d’abandonner une foi et une religion : celles du progrès et du développement. L’idée est de devenir des athées de la croissance et de l’économie (Daoust, 2015).

La Décroissance occupe une place significative parmi les propositions qui cherchent à repenser l’avenir, car il est de plus en plus évident que notre logique acharnée du « toujours plus » ne fonctionne pas (Daoust, 2015). L’idée que plus équivaut à mieux est considérée comme fausse, et le mythe de la croissance est perçu comme nous menant droit dans le mur, d’où la nécessité d’abandonner ce dogme et de trouver d’autres options (Daoust, 2015).

Une des chartes de la décroissance affirme que la décroissance ne propose pas de vivre moins, mais mieux avec moins de biens et plus de liens (Daoust, 2015).

Dans le domaine de l’art, le concept de « art de la décroissance » émerge en opposition à l’art qui gagne en quantité plutôt qu’en qualité, et qui est devenu une marchandise comme une autre (Daoust, 2015). Cet art ne cherche pas à en faire trop, mais s’incarne plutôt dans la soustraction plutôt que dans l’ajout (Daoust, 2015). Il ne se définit plus en termes de production, d’objet, de performance ou d’exposition, mais plutôt en termes d’énergie, d’intensité ou de manière d’être (Daoust, 2015). L’art de la décroissance vise à activer l’activité paresseuse, le rien, la décréation et le désœuvrement, cherchant à créer du commun qui résiste à toute forme d’appropriation et à réinventer de nouvelles manières d’être, en redonnant de l’importance aux valeurs fondamentales axées sur la qualité plutôt que sur la quantité, telles que la coopération, la gratuité, la convivialité, la justice sociale et l’altruisme (Daoust, 2015).

Il est également intéressant de noter que le concept de décroissance est lié aux discussions autour de l’Anthropocène, l’ère géologique marquée par l’impact dominant des activités humaines sur la planète (Larrère, 2015). Agnès Sinaï a écrit « Penser la décroissance, Politiques de l’anthropocène » (Larrère, 2015), suggérant une connexion entre ces deux idées. L’Anthropocène est vu par certains comme marquant potentiellement la fin de la croissance (Larrère, 2015). De plus, une « société décroissante » est mentionnée comme une nécessité pour décarboner les technologies et repenser leur utilisation (Ribac, 2017).

Enfin, dans le contexte de la transition socioécologique, bien que le terme « décroissance économique » puisse ne pas faire consensus dans des démarches partenariales (Bourque et al., 2024), la transformation des modes de production et de consommation (Bourque et al., 2024), un élément central de la transition socioécologique, est cohérente avec les principes de la décroissance.

Bibliographie :

Daoust, A. (2015). Vers un art de la décroissance. Inter : art actuel, 121, 51–51. https://www.erudit.org/fr/revues/inter/2015-n121-inter02146/79347ac/

Larrère, C. (2015). Anthropocène: Le nouveau grand récit: Esprit, Décembre(12), 46–55. https://doi.org/10.3917/espri.1512.0046

Ribac, F. (2017). Les récits de l’anthropocène. Quelle contribution des arts à la transition socio- écologique ? Les Cahiers de l’atelier, Transition écologique et énérgétique : comment changer de comportements?(553), 103–108.

Bourque, D., Goglio, C., Hamel, A., Le Dorze-Cloutier, G., & Morin, L. (2024). Défis de la transition socioécologique pour les praticien·ne·s en intervention collective. Intervention, 159, 37–47. https://doi.org/10.7202/1111611ar