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Anthropocène

L’Anthropocène est présenté comme une nouvelle époque géologique, dont le début exact n’est pas encore finalisé, mais qui fait l’objet d’un accord général parmi les géologues (Borrelli & Dal Santo, 2023). Cette époque est caractérisée par le fait que l’humanité est devenue le facteur le plus important dans la modification des systèmes planétaires (Borrelli & Dal Santo, 2023). En d’autres termes, l’Anthropocène signale que le contexte de la vie humaine sur Terre a pris un tour fondamental (Borrelli & Dal Santo, 2023). Le milieu du XXe siècle est souvent cité comme marquant le début de cette nouvelle époque (Borrelli & Dal Santo, 2023). 

Dans le contexte des musées, en particulier les écomusées et les musées de société, l’Anthropocène offre un prisme d’analyse critique des récits traditionnels (Chaumier, 2024). Il est suggéré que le développement des musées est lié à l’accumulation de richesses rendue possible par le développement capitaliste, qui repose sur l’exploitation des travailleurs, la privatisation des communs et la conquête de régions du monde pour en exploiter les richesses, une dimension coloniale du capitalocène (Chaumier, 2024). L’extractivisme et ce que certains nomment le plantationocène sont également des facteurs qui ont créé les conditions de la richesse et, par incidence, le développement des musées en Occident (Chaumier, 2024).

Face à cette réalité, les écomusées et les musées de société sont appelés à déconstruire les récits existants et à imaginer de nouveaux récits pour l’avenir (Chaumier, 2024). Il s’agit de ne pas se limiter aux questions de régie durable ou d’éco-conception, mais de changer de paradigme face à la gravité de la situation écologique (Chaumier, 2024). Cela implique de revisiter les collections à la lumière de l’Anthropocène, en révélant ce qui a été mis hors-champ jusqu’ici, comme les stratégies d’accaparement, les spoliations économiques, l’extractivisme, le colonialisme et les pollutions induites qui ont permis l’accumulation par l’Occident et la création des musées (Chaumier, 2024).

Les musées sont ainsi encouragés à questionner la notion même de nature et la place de l’humain au sein du monde vivant, en adoptant une approche décentrée (Chaumier, 2024). Il est également important de remettre en question l’idéologie de la neutralité et de l’objectivité scientifiques souvent véhiculée par les musées techniques et de science, en analysant les conséquences des choix technologiques et productifs (Chaumier, 2024).

L’Anthropocène est alors une notion centrale pour comprendre l’impact de l’humanité sur la planète et pour repenser le rôle et les missions des musées, en les invitant à devenir des lieux de diffusion de nouvelles approches et de réflexion critique sur notre relation au monde (Chaumier, 2024). L’écomuséologie est considérée comme particulièrement actuelle et urgente pour réinventer les manières de faire face aux défis de l’Anthropocène (Chaumier, 2024).

Bibliographie :

Borrelli, N., & Dal Santo, R. (Orgs.). (2023). Ecomuseums and climate change. Ledizioni.

Chaumier, S. (2024, décembre). Construire de nouveaux récits et proposer de nouvelles missions sociales pour les écomusées et musées de société. Nouveaux récits des écomusées et musées de société, RÉFLEXIONS ISSUES DES RENCONTRES PROFESSIONNELLES DE LA FEMS 2024, 10–19.